Médecines alternatives: bullshit or not bullshit?

• 30 Mai 2018

[Bon, vous êtes ici sur un site dédié à la naturopathie. Un Lab regroupant plusieurs experts en santé et en bien-être. Tous partagent une vision holistique du soin autour de la nature et de ses ressources. Nous aurons donc du mal à vous dire que les médecines alternatives, douces , naturelles, sont une arnaque. Nous pensons le contraire mais voulons vous éclairer en toute connaissance de cause.]

D’où est parti le débat?

Le débat n’est pas nouveau mais a ressurgi récemment. Le 19 mars 2018, 124 médecins et professionnels de santé ont publié une tribune dans le Figaro. Ils y critiquent vivement les médecines alternatives, leurs « promesses fantaisistes et l’efficacité non prouvée des médecines dites alternatives comme l’homéopathie », explique le site internet du quotidien. Le collectif demande au passage « l’exclusion de ces disciplines ésotériques du champ médical ». Ces experts parlent de « fake médecines ».

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, appelle l’homéopathie un « placebo ». Un petit mois après la publication de la tribune, la ministre a déclaré sur BFMTV: « Les Français y sont attachés [à l’homéopathie], c’est probablement un effet placebo. Si ça peut éviter d’utiliser des médicaments toxiques, je pense que nous y gagnons collectivement, ça ne fait pas de mal ».

C’est quoi les médecines alternatives?

Selon le ministère de la Santé, les médecines alternatives sont des pratiques de soins dites non conventionnelles (PSNC). Il s’agit entre autres de l’homéopathie, l’ostéopathie, l’hypnose, la phytothérapie, la naturopathie, l’aromathérapie, etc.

« Leur point commun est qu’elles ne sont ni reconnues, au plan scientifique, par la médecine conventionnelle, ni enseignées au cours de la formation initiale des professionnels de santé », écrit le site du ministère. Tout en précisant que « les PSNC n’ont pas fait l’objet d’études scientifiques ou cliniques montrant leurs modalités d’action, leurs effets, leur efficacité, ainsi que leur non dangerosité ».

Les Français en sont-ils friands?

Selon l’Ordre des médecins, 40% des Français auraient recours aux médecines douces. Selon une enquête récente de medoucine.com, 58% de la population hexagonale s’est tournée vers ces pratiques en 2017. Et 70% des habitants de l’Union Européenne ont fait appel à une thérapie complémentaire au moins une fois dans leur vie. L’Assurance maladie reconnaît d’ailleurs l’homéopathie et Agnès Buzyn, malgré ses déclarations, ne compte pas arrêter son remboursement.

Quels sont les arguments pour?

Le premier argument évoqué par les usagers de la médecine non conventionnelle est son côté naturel. Une réaction à tous les scandales entourant les médicaments, une alternative aux produits chimiques (qualifiés de « toxiques » par la ministre de la santé) et qui va de paire avec la mode du bio dans l’alimentation et la cosmétique. Ce que l’on reproche aux produits chimiques ce sont principalement les effets secondaires qui peuvent être très invalidants (maux de ventre, vertiges, éruptions cutanées etc) voire graves (malaise, choc septique etc). Effets secondaires très peu fréquents voire inexistants avec des méthodes de « santé » dites naturelles.

La naturopathie hygiène de vie et synthèse des méthodes naturelles de santé, puise ses racines dans l’antiquité, notamment avec Hippocrate (4^ème siècle avant JC). Pourtant elle n’est pas reconnue en France alors que c’est le cas ailleurs en Europe. La Suisse a créé un diplôme fédéral de naturopathe en 2015 et l’Allemagne reconnaît également la profession sous l’appellation de « Heilpraktiker ».

Le titre d’ostéopathe est lui règlementé en France depuis la loi du 4 mars 2002 relative aux droits de malades. Bénéficient également d’une distinction de l’Ordre des médecins l’homéopathie, la mésothérapie et l’acupuncture.

L’hypnose et la Sophrologie s’invitent depuis plusieurs années dans le milieu hospitalier. Pratiquées par des infirmières, des chirurgiens, des anesthésistes.. « ces méthodes sont de plus en plus fréquemment appliquées dans un cadre social ou médical. Beaucoup de patients en ont entendu parler, certains ont déjà pratiqué cette méthode. »

 

Quels sont les arguments contre?

A l’heure actuelle, les recherches menées visent surtout l’homéopathie. Elles confinent toutes à qualifier la pratique de placebo, à cause d’une dilution trop importante du produit.

« Selon la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), les dérives sectaires dans le domaine de la santé représentent près de 40 % de l’ensemble des signalements qu’elle reçoit, explique le Figaro. Elle recense ainsi plus de 300 pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique, 1 800 structures d’enseignement ou de formation «à risques» dans le domaine de la santé, 4 000 «psychothérapeutes» autoproclamés qui n’ont suivi aucune formation et ne sont inscrits sur aucun registre. Puis il y a les “biodécodeurs, à la mode en ce moment qui seraient près de 200 et, quelques 800 kinésiologues. »

Bref, le manque de statut officiel contribue aussi au charlatanisme. C’est un peu le serpent qui se mord la queue.

Reste que la plupart des experts mais aussi pharmaciens,  médecins, chercheurs… reconnaissent de nombreuses vertus aux médecines alternatives. Souvent comme technique complémentaire à la médecine classique.

Alors on fait quoi?

Il faut aiguiser son esprit critique en se renseignant auprès de sources variées. On choisit un interlocuteur en qui l’on a confiance. On reste attentif à la formation suivie par le praticien. Celle-ci doit être de qualité et homologuée (Syndicat des professionnels de la Naturopathie, Datadock…).

Si vous souhaitez plus d’informations sur les bénéfices des médecines douces et de la naturopathie, demandez conseil au Lab.

 

Christine, journaliste pour Le Lab.